Droit de reponse

Suite à l'article c'est ca le rap??, l'auteur du message pour la mixtape m'a demandé un droit de reponse: le voici.

Merci de m'accorder un droit de réponse, je vais essayer de faire court (mais ça va être dur) et de te faire comprendre pourquoi je trouve ton article plutôt déplacé, et ce pour plusieurs raisons : Déjà, tu ne me connais pas et tu te permets de me juger. Et en plus, tu me juges sur quelques lignes dans un forum (de musicos, dont je doute que tu fasses partie). Tu oses parler de démagogie alors que tu ne regardes les choses que sous un seul angle, le tien. Bref.

Je vais donc t'expliquer un peu mieux le concept de la mixtape, et le contexte de l'article paru sur Audiofanzine. Je vais surtout répondre point par point à tes affirmations catégoriques. Tu as le droit d'avoir ton avis, mais là, en l'occurrence, tu as tout faux. Et je vais aussi être un peu obligé de parler de moi, désolé, et de mon implication dans les projets musicaux et associatifs de mon secteur, le Var.

Après avoir fait partie d'une formation reggae dans le Nord, je reviens dans ma région en 2001 et décide de me lancer dans la production musicale sur machines. J'ai eu la chance de passer un an en studio dans une grosse asso qui m'a permis de faire de nombreuses rencontres avec les activistes culturels qui sévissent, le plus souvent dans l'ombre et bénévolement, pour que les projets artistiques voient le jour. Des gens qui vont à la rencontre des jeunes, animent des ateliers, essaient de monter des locaux de répétitions, des lieux de diffusion, et essaient par tous les moyens de récolter quelques sous pour des aides à la création, des résidences artistiques, des concerts de soutien, et toutes ces choses qui font qu'un groupe finira peut-être par émerger et représenter le travail d'une foule de passionnés. J'ai la prétention de faire partie de ces gens-là. Depuis quatre ans, je collabore étroitement avec le collectif hiphop COOL2SOURCE, à la production, la promotion, et sur les concerts. Un collectif d'amateurs qui se donne les moyens d'assouvir sa passion. Je fais aussi partie de l'association ACDC, dont le but est de développer les activités artistiques autour de l'esprit de citoyenneté, et j'ai créé ma propre asso, MEDIA-MASSIVE, qui soutient les projets artistiques à travers la création multimedia. Sur un plan plus musical, je fais partie du groupe de dub Funkysushi, et je produis, par plaisir, des instrus hiphop et dancehall pour les MC qui le veulent. On en arrive donc à la mixtape...

J'ai décidé de faire une mixtape pour plusieurs raisons : - faire connaître mon travail et par extension celui des gens qui m'entourent - découvrir des artistes inconnus mais prometteurs (très subjectif, je sais) - les faire bosser sur un thême imposé (j'y reviendrai) - développer des collaborations à travers toute la France - mener un projet de production de A à Z, c'est à dire de la pré-production au pressage et à la vente du CD.

Alors, apparemment, ce qui te gêne, c'est de vouloir "faire du fric", comme tu dis, en "vendant son âme à la SACEM". Si tu faisais un peu partie du milieu musical amateur, tu saurais qu'il ne s'agit ici que d'une question de survie, de récompenser les artistes et de protéger leur travail (même si je ne défends pas la SACEM, loin de là...). Le materiel, le pressage, la promo du projet : tout cela a un prix. Si j'arrive à mener le projet jusqu'au bout sans y laisser des plumes, je serai déja content. Et si j'arrive à gratter de quoi me racheter un peu de matos, ça sera encore mieux. Franchement, si j'avais une optique mercantile, tu crois que je mettrais mes instrus en téléchargement GRATUIT, alors que mettre en place un paiement par SMS est un jeu d'enfant ? Quand je parle de faire 50/50, je parle du partage des droits sur la feuille SACEM. Je prends tout le reste en charge, et tu m'accuses de vouloir faire du fric...

Ensuite : le thême de la tape. tu dis : "Rapper sur des sujets aussi graves et nobles que "LA LUTTE, LA RESISTANCE, LE COMBAT, LA REVOLTE" devient ainsi un moyen, comme un autre, de faire du blé, un moyen d'atteindre une nouvelle cible: "les révoltés"." Justement, je trouve que l'essence même du hiphop, à la base, est d'avoir des textes et un esprit engagés. Je précise bien que j'en ai marre des clichés tout pourris, ça me parle pas. Pour moi un MC doit avoir une richesse de vocabulaire, une ligne directrice dans son texte, une réflexion sur le monde et sa vie. Je pense au contraire que le thême de la tape tire les choses vers le haut. Et franchement, y'a pas d'étude marketing pour "cibler" les "révoltés". Autre chose : je vois pas ce qui te gêne dans le fait de vouloir percer ou se faire connaître. Ton discours anti-commercial suppose donc que tous ceux qui ont un semblant de succès sont des vendus, et que les auditeurs qui achètent leurs disques tous des imbéciles ? Les prods, musicos et autres ingés-sons vont adorer...

Pour finir : "Underground" signifie "sous terre" : vas-tu reprocher à l'underground de viser la lumière ? La révolte c'est bien beau, mais n'oublie pas une chose : pour lutter contre le système, il faut d'abord accepter d'intégrer celui-ci et d'en comprendre le fonctionnement. Médite donc là-dessus, avant d'ouvrir ta bouche.

Mekelo